Vague de Pavones vue du ciel

Surftrip au Costa Rica – Août 2021

Départ

Après avoir étudié les différents plans possibles pour bouger cet été, nous décidons de réaliser une nouvelle fois un surftrip au Costa Rica. Il est un des rares pays à cette période à accepter les touristes et proposer des vagues de qualité que l’on peut surfer en boardshort. Malgré le coût élevé du voyage nous n’hésitons pas bien longtemps et achetons nos billets à la dernière minute… comme d’habitude finalement…

Nous nous retrouvons Benjamin, Benoît et moi à l’aéroport de Roissy pour embarquer nos board bags. Après avoir évité une file d’attente à l’enregistrement bagages digne de celle de Space Moutain,  nous nous retrouvons bloqués aux portiques de la douane. Visiblement, les automates ne sont pas prêts à recevoir de nouveau des voyageurs venus en masse depuis l’annonce de la réouverture des frontières sans motifs impérieux.

Un rapide check des dernières informations nous alerte sur le fait qu’une assurance reste obligatoire pour voyager au Costa Rica. Nous voilà donc en train d’acheter en urgence dans la file d’embarquement cette fichue assurance à 90$. Heureusement, l’embarquement met du temps à se faire car le vol est complet. Juste assez de temps pour que l’on puisse terminer l’inscription et générer un reçu qui ne sera contrôlé que par l’hôtesse de l’air avant de monter dans l’avion à Paris. Pas moyen de l’annuler ou de se rétracter une fois sur place. Grrrr….

Champagne et casquette Diego dans l'avion

Finalement après 10h de vol, 3 films, 2 plateaux repas et 5 cafés, nous atterrissons de nuit à l’aéroport de San José. Nous nous dirigeons vers le passage de douane : pass sanitaire français et costaricien + assurance obligatoire en poche. Comme d’habitude, les formalités administratives d’entrée dans le pays mettent du temps… Normal en ces temps de pandémie où seul le Costa Rica cet été semblait être une « destination surf » facile d’accès… 

Nous nous dirigeons vers le coin des bagages hors gabarit, là où nous attendent nos 3 gros board bags. Ces retrouvailles sont toujours un moment d’inquiétude. Imaginer sa housse se faire manipuler sans les précautions avec lesquelles nous la chérissons nous donne à chaque fois des sueurs froides… Toujours est-il qu’après un premier check des boards et un changement de tenue express nous pouvons aller chercher notre voiture de location. À la vue de cette dernière, nous espérons qu’elle pourra nous conduire sans encombre au bout de la piste qui mène au spot de Pavones.

Voiture de location chargée à l'agence
Nous embarquons avec nous Xavier, un surfeur basque rencontré lors de nos marches digestives à bord de l’avion. Il vient pour surfer, et notre premier arrêt à Jaco / Hermosa l’intéresse également.

Jaco / Hermosa

vue panoramique de la baie de jaco

Jaco est la ville de surf la plus proche de San José à environ 2h de voiture. Elle permet d’effectuer un premier stop avant de sillonner dans le pays. On y trouve bars, restaurants, surfshops et supermercados, mais cette année tout ferme à 21h à cause de la COVID. Un peu comme Kuta à Bali, nous ne souhaitons pas nous y installer trop longtemps au risque de perdre un temps précieux par la suite.

Panneau Jaco
Vue depuis le rooftop de l'auberge de jeunesse

C’est la 3e fois que l’on vient et nous avons désormais nos habitudes. Nous arrivons donc directement à une auberge de jeunesse qui donne sur la plage. Les vagues de la baie urbanisée de Jaco ne sont jamais vraiment bonnes. Mais l’attrait principal de cette ville est le beach break plus sauvage de Playa Hermosa et ses gros barrels, situé à quelques kilomètres. Les prévisions annoncent 3 jours de surf à 2m voire plus. À peine débarqué, qu’il va falloir être bon d’entrée…

Nous profitons du décalage favorable aux réveils matinaux pour arriver sur le spot au petit matin afin d’éviter la foule et de s’échauffer sur la plage. La marée est encore assez haute pour que les vagues ne soulèvent pas le sable mais le volume d’eau reste impressionnant. Il ne faut pas se rater sur la mise à l’eau… même si la forte période permet de longues accalmies entre les séries.

Xavier notre nouvel ami basque est chaud. Il passe la barre sans encombre et commence à enchaîner sur des droites. Tandis que Benoit et Benjamin mettent plus de temps à rejoindre le line up. Finalement nous nous rassurons en prenant de bonnes vagues et sortons de l’eau avant que la marée ne soit trop basse. Le sentiment du devoir accompli nous estimons avoir mérité notre « desayuno » maison : oeufs, guacamole, pico de gallo, granola, yaourt, bananes, etc…

La journée du lendemain est similaire avec encore de bonnes conditions et de super vagues à la clef. Nous en profitons pour tester les nouvelles boards fabriquées pour ce trip. Elles sont en PU / Epoxy afin de garantir une solidité maximale et une facilité de réparation. Deux d’entre elles arborent une décoration avec un motif dit « anti requins ». Ces rayures évoqueraient aux requins un poisson ou un serpent venimeux non comestible… 

3 planches Diego posées au sol
Playa Hermosa
Le troisième jour à Hermosa, les conditions sont encore plus solides. Il y a 2m à la série. Plus dirons certains… quoiqu’il arrive, il y a bien assez pour avoir ce petit picotement dans le ventre lors des take off où il vaut mieux ne pas planter… Encore une fois la période est grande et les vagues qui se font attendre ont le temps de bien gonfler quand elles s’approchent du rivage. Les nombreux morceaux de bois sur la plage nous rappellent leur force, au cas où nous serions tentés de l’oublier.

Alors que nous attendons avec Benji les vagues au line up, une série arrive droit sur nous. La sélection est plus fine dès que les conditions grossissent et cela fait bien un quart d’heure que nous laissons passer quelques bombes potentielles… Voyant Benji bien placé à l’intérieur, je le motive à partir sur la première vague : « si tu ne pars pas sur celle-là, tu ne partiras jamais ! ». Il bloque un instant puis se met à ramer pour la prendre. De profil, je le vois tenter de se lever vraiment « late »… trop « late »… D’en haut de la vague il se fait engloutir par l’énorme lèvre puis disparaît dans la mousse. Je n’ai pas le temps de le voir réapparaitre que la deuxième vague est déjà là. 

« Si tu ne pars pas sur celle-là, tu ne partiras jamais ! »

Vu comment je viens de « chauffer » Benji sur la vague précédente je ne peux pas m’échapper. D’autant que je suis placé davantage sur l’épaule ce qui me laisse le temps de me lever et de glisser sur la face. Mais alors que je me fais recouvrir, la vague ferme d’un coup… comme un piège à souris… Je me retrouve projeté vers l’avant puis re-craché une deuxième fois par la lèvre. C’est à ce moment que ma planche vient me cogner violement le mollet. En ressortant dans le remous après deux ou trois ascenseurs, je tire sur mon leash pour remonter sur ma planche. Je reprends ma respiration et aperçois Benji en train de nager sans planche dans le bouillon. J’essaie tant bien que mal de me rapprocher de lui mais la douleur à ma jambe est trop intense pour que je sois efficace. Un courant favorable le ramène à la plage et nous nous rejoignons sur le sable.

Après avoir récupéré sa planche auprès d’un surfeur argentin surpris que nos boards soient toujours en un seul morceau, nous constatons les dégâts : un leash cassé, une planche pliée, un mollet défoncé… Hermosa est vraiment sauvage ! Benoît lui s’en sort indemne. Même si le début du trip commence avec des grosses conditions, il savoure les avantages de sa nouvelle board (une First en 6’0) qui lui permettent de voir venir les séries plus sereinement qu’avec son Egg perf en 7 pieds.

LEASH CASSÉ, PLANCHE PLIÉE
Debriefing et pan de match pour la suite autour d'une bière face à l'océan

Le soir nous faisons le bilan sur la plage autour d’une bière et établissons le « plan de match » pour les prochains jours car le vent tourne. Xavier préfère aller explorer les spots au nord, tandis que Pavones, notre prochain objectif, se situe au sud du pays. Nous décidons de nous séparer et lui donnons quelques adresses autour de Santa Teresa et Playa Negra. 

De notre côté nous souhaitons aller à Playa Dominical situé à 2h de Jaco. Ce sera notre « camp de base » en attendant les conditions favorables pour surfer la gauche de Pavones.

Dominical

vue panoramique de la plage de Playa dominical

Sur la route du sud qui mène à Pavones se situe un petit village, Dominical. Il s’agit en fait d’une grande rue qui se termine en piste et qui longe le front de mer. Des petits commerces et restaurants jalonnent cet unique accès à l’océan. Un marché touristique est établi tous les jours sur le parking de la plage. On y retrouve tous types de souvenirs : masques, tee-shirts, objets en bois, babioles en tout genre, etc….

Plan de Dominical
Vue de l'extérieur du restaurant El Fuego

Mais l’endroit est surtout connu pour son restaurant « El Fuego » dont on ne peut rater les innombrables panneaux publicitaires sur la seule route qui mène à la frontière avec le Panama. C’est un grand restaurant sur pilotis qui mixe le concept de brasserie locale et café hype, le tout à la sauce américaine. L’endroit est cool, quoique un peu trop « branché » le week-end…

La plage de Dominical est sauvage et malgré le haut poste de secours, quasiment personne ne s’y baigne. Et pour cause, le spot est un beach break solide qui s’étend sur plusieurs kilomètres. La houle y est consistante et les courants assez forts. La mise à l’eau à marée haute se fait dans les galets, tandis qu’à marée basse il est possible de marcher dans le sable sur quelques dizaines de mètres.

Plage avec le poste de secours

Encore une fois, nous réservons notre hébergement dans un endroit que nous connaissons. Il s’agit d’un hôtel tout au sud de la plage avec jardin, salon et cuisine commune. Des hamacs sont disposés en étoile dans le jardin très soigneusement arboré et des canapés sont à disposition pour chiller. Comme dit Benoît : « l’endroit est vraiment squattant » et possède l’avantage de nous permettre d’aller surfer à pied depuis l’hôtel.

« L’endroit est vraiment squattant ! »

Toutes nos journées là-bas se ressemblent. Le matin très tôt (5h45) nous allons checker au lever du jour les conditions. Nous profitons à l’aube des conditions glassy car généralement le vent offshore tourne assez vite dès que la température de l’air augmente. C’est à cette heure-ci, en empruntant le chemin pieds nus jusqu’à la plage, que l’on rencontre le plus d’animaux : toucans, perroquets, etc… Les cris des singes hurleurs rythment nos pas tandis que les grenouilles dans la mare à côté se réveillent tout doucement.

Lever du jour à Playa dominical
Petit déjeuner à Dominical

Vers 10h-11h en fonction des marées nous rentrons faire notre petit déjeuner à l’hôtel. Toujours le même. Chacun à son rôle : Benjamin s’occupe de griller les toasts pendant que Benoit fait le guacamole. Ma mission à moi est de cuire les œufs au plat… Pression… Benjamin, tel un chef d’orchestre, gère le timing au millimètre pour que tout soit servi en même temps.

Durant la dizaine de jours où nous restons ici, la qualité des vagues est variable. L’après midi, il est fréquent que de grosses ondées viennent dégrader le plan d’eau. Et l’on se retrouve plusieurs fois avec des conditions médiocres l’après midi, voire même le lendemain matin. Mais l’on ne va pas se plaindre. Les vagues sont là et nous sommes quasiment seuls à l’eau. Enfin presque…
Panneau prévention Raies Dominical

Playa Dominical est connu pour être un endroit où de nombreuses raies se retrouvent et paradent en sautant hors de l’eau. Mais pas que… Les raies aiment bien glisser dans les vagues. Un soir, alors que nous surfons au Sunset, j’en « choque » une avec ma board en effectuant un canard alors que je remonte au line up. Petite frayeur quand même… D’autant que je m’étais fait piquer par une raie il y a deux ans en marchant malencontreusement sur sa queue. Cela m’avait valu une grosse douleur ainsi qu’une incision au scalpel au centre médical de Santa Teresa… Depuis, je rentre dans l’eau en traînant des pieds pour soulever le sable et les avertir de mon arrivée.

Mine de rien nous enchaînons les grosses sessions. Notre rame devient plus endurante et les manœuvres s’enchaînent avec davantage de fluidité. Surfer en short n’a pas de prix et nous savourons chaque matin la mise à l’eau dans un océan plus chaud que l’air ambiant. Nous sommes généralement les premiers au line up et les quelques surfeurs qui nous rejoignent sont soit des locaux qui surfent avant d’aller travailler, soit des voyageurs de passage.

Benji qui waxe sa planche
Les 3 mais autour d'une bière au Fuego

Quasiment tous les soirs, nous buvons une bière (ou 2…) au « Fuego » et debriefons des vagues prises dans la journée en se rappelant au combien nous sommes chanceux de pouvoir être ici. L’ambiance est sympa pour boire un verre et les serveurs sont agréables. Nous y retrouvons tous les surfeurs croisés au line up dans la journée. La musique « électro lounge » plaît à Benoît qui « Shazame » à tout va.

Mais pour manger nous préférons les mets asiatiques proposés au Phat Noodle, une grande cantina joliment décorée où les plats sont confectionnés dans un grand food truck. 

Cette année, l’activité nocturne est réduite à néant. Cela tombe bien, nous sommes venus pour surfer. Aucune tentation possible, même le week end, au plus grand désespoir de Benoît, notre « amoureux du son ».

Phat noodle

Aucune tentation possible, même le week-end, au plus grand désespoir de Benoît, notre « amoureux du son ».

Couverture du livre La révolte des élites

Même si les jours s’enchaînent parfaitement entre sessions de surf, lectures et discussions philosophiques, nous ne perdons pas de vue notre deuxième objectif du voyage : Pavones. Nous scrutons chaque jour, plusieurs fois par jour, les sites de prévisions à l’affût de la moindre houle qui pourrait venir faire fonctionner le point break tant convoité.  

Et ça y est, les signaux sont au vert ! Il semblerait qu’une houle de sud suffisamment consistante pour réveiller la fameuse gauche pointe le bout de son nez. Malgré les modestes prévisions, les 3 petites étoiles suffisent à nous motiver à faire les 5h de route qui nous séparent de la plus longue gauche du pays. Mes deux compères goofy trépignent à l’idée de glisser sur plusieurs centaines de mètres. Dès lors, nous nous organisons pour réserver un hébergement, faisons quelques réserves de nourriture, et filons vers le sud, direction le Panama !

Pavones

Vue panoramique de la vague de Pavones

Sur notre trajet nous devons passer un gros checkpoint qui ressemble à un passage de frontière tant la pression policière est palpable. À la vue du barrage, nous établissons une stratégie de séduction afin que le passage se fasse sans complication. D’autant que la veille lors d’un contrôle routier nocturne, je ne m’étais pas arrêté…

Nous misons tout sur la sympathie que peuvent avoir en ce moment les ticos pour le PSG et son gardien de but costaricien : Keylor Navas. Les 3 gros boards bags sanglés sur le toit de la voiture intriguent. Mais à la vue des passeports français, le policier nous lâche du bout des lèvres un : « Francia ! » Ni une, ni deux, Benoît enchaîne avec un savoureux accent : « Parris Saint Gerrrmain, Keylorr Navass ! » Notre stratégie fonctionne à merveille ! Et malgré sa grosse cagoule, nous percevons un petit rictus de satisfaction comme si le mot magique venait d’être prononcé ! Le policier, armé jusqu’au dents, nous rend nos passeports instantanément et nous fait signe de passer rapidement. Nous jubilons dans la voiture car l’idée de défaire et vider les boards bags ne nous enchantait guère.

Ni une, ni deux, Benoît enchaîne avec un savoureux accent : « Parris Saint Gerrrmain, Keylorr Navass ! » Notre stratégie fonctionne à merveille !

La fin du trajet pour Pavones est une piste chaotique à travers propriétés agricoles, ranchs et palmeraies. La végétation est luxuriante et le point de vue sur la baie de Zancudo magnifique. Quelques bœufs broutent une herbe haute quasiment verte fluo. De nombreux petits ponts plus ou moins rassurants jalonnent le parcours.

Le dernier est d’ailleurs pour nous, une sorte d’obstacle de franchissement digne du Paris-Dakar… À cet endroit la piste qui remonte pour accéder au pont est ravinée par le passage des véhicules. Deux grosses ornières forment un rail qu’il faut suivre pour monter sur le pont. Mais la boue rend l’exercice périlleux car toute sortie de piste nous mène directement dans la rivière. Notre SUV ne possède pas 4 roues motrices et la tension dans l’habitacle est maximale. Finalement, malgré quelques glissades nous arrivons à rejoindre le haut de ce maudit pont et la suite de la route ne présente plus de difficulté.

Champ avec une herbe verte fluorescente
Vue sur la baie de Zancudo
terrain de football de Pavones
Entrée des chambres de la pizzeria

Une fois arrivés à Pavones, nous devons trouver l’hébergement que l’on a réservé. Le GPS nous fait tourner dans tous les sens. Désormais confiants sur notre capacité de franchissement, nous empruntons des chemins de moins en moins carrossables. Nous sommes obligés de combler les trous de la piste avec des noix de coco pour que le carter de la voiture ne vienne pas s’empaler sur des rochers… 

Estimant que la « spéciale du jour » a bien assez duré, nous décidons de retourner au centre du village pour demander notre chemin. Après avoir « épuisé » tous les locaux, je décide de me diriger vers le commissariat. À l’intérieur, 4 « agents » discutent entre eux. Ils daignent à peine tourner la tête pour me demander ce que je veux. Mais mon espagnol les séduit et j’arrive à obtenir la véritable adresse de notre logement. Il s’agit tout simplement de la seule pizzeria du village ! 

Alors que je retourne en direction de la voiture, Benji et Benoît m’indiquent qu’il viennent de se faire embrouiller par un local complètement « boracho » qui les a menacés s’il les voyait à l’eau… Ambiance… Finalement nous nous installons rapidement chez Alessandro, notre pizzaiolo fan de moto cross, et filons voir le plan d’eau. La nuit va bientôt tomber. Et la marée, même trop basse, laisse entrevoir de magnifiques lignes qui viennent s’enrouler parfaitement sur la pointe.

Pavones de nuit

Le lendemain nous nous levons très tôt pour un premier check quasi nocturne. Nous sommes étonnés de voir déjà des personnes à l’eau. Il y a 1,50m voire 1,80m à la série. Cela nous motive à accélérer notre warm up. La mise à l’eau se fait à plusieurs endroits en fonction de la témérité de chacun. Benji décide de contourner tandis qu’avec Benoît nous préférons attaquer plus frontal. Finalement nous nous retrouvons tous au même endroit. Celui où le courant a décidé de nous emmener. Nous remontons à la rame bien 200m pour pouvoir atteindre le premier pic.

La vague est composée de plusieurs sections. Il y a une première section au large à gauche de l’embouchure puis une reforme qui commence à droite de l’embouchure. Cette deuxième section ferme rapidement au niveau de la pointe. Une troisième section commence juste derrière et permet de glisser jusque dans la petite baie. Avec de la vitesse, il est possible de connecter la deuxième et la troisième section pour un ride de plusieurs centaines de mètres.

Il me semble que c’est Benoît qui score en premier. Qu’importe, Benji score également et glisse jusqu’aux barques situées dans la petite baie au nord de la pointe. Les deux goofys sont au paradis. Pour ma part j’ai plus de mal à conserver ma vitesse backside pour passer la section qui ferme. Il ne faut pas traîner ou tenter de manœuvres avant de l’avoir passer. Ce n’est qu’après plusieurs essais infructueux que je goûte au plaisir de glisser si longtemps sur cette gauche.

Le retour au pic se fait à contre-courant. Grâce à notre « entraînement » à Dominical, nous ne sommes pas ridicules à la rame et remontons, non sans effort, la file de surfeurs qui attendent à l’épaule. Il est quand même parfois préférable de sortir et de faire le tour à pied mais les cailloux le long du rivage glissent énormément. Les vagues s’enchaînent et nous nous perdons peu à peu de vue tellement le line up est étiré.

Même s’il y a du monde à l’eau (quasiment que des étrangers) nous sommes conscients que cela pourrait être bien pire ! Les surfeurs sont assez espacés et tout le monde prend ses vagues même si parfois un petit slalom est nécessaire pour éviter les imprudents ou les rêveurs.
Ce n’est que vers 10h que les locaux surchauffés par les conditions parfaites se mettent à l’eau. Même mieux placé, il devient alors impossible de prendre une vague. Fatigués, nous sortons tout de même avec le sourire, satisfaits d’avoir pu glisser si longtemps.

Nos deuxièmes et troisièmes jours à Pavones sont identiques. Les vagues s’enroulent toujours mécaniquement autour de la pointe et nous pouvons enchaîner les cutbacks sur ces gauches qui paraissent interminables. Sur ces longs rides mon mollet droit endolori me fait souffrir et je suis obligé de sortir un peu avant les gars pour le préserver. D’autant que nous re-surfons chaque jour l’après-midi.

hématome sur mon mollet

Les vagues s’enroulent toujours mécaniquement autour de la pointe et nous pouvons enchaîner les cutbacks sur ces gauches qui paraissent interminables.

Le spectacle depuis le muret qui surplombe la plage est vraiment chouette. Le niveau à l’eau est hétérogène mais plusieurs locaux scorent la vague avec une aisance déconcertante. Leur connaissance du spot est parfaite et ils se jouent des différentes sections en adaptant instantanément leur trajectoire à la vague. À marée basse, certains se calent dans des tubes dont peu ressortent.

Malheureusement le 4e jour, la houle baisse et change d’orientation ce qui nous pousse à retourner à Dominical. Les conditions prévues là-bas sont plus consistantes mais nous ne perdons pas espoir de revenir si la houle de sud forcit d’ici notre départ. Confiants, nous gardons en tête que les prévisions n’ont pas besoin d’être épiques pour profiter d’une vague de qualité « world class ».

Benoit et Benji qui cherchent les conditions depuis le muret à Pavones

Dominical Bis

Vue panoramique é Dominical

À notre retour sur Dominical, nous décidons de changer de lieu d’hébergement. Nous choisissons des lits moins onéreux dans une Auberge de Jeunesse le long de la rue principale. Notre chambre est beaucoup moins « squattante » que le petit jardin arboré auquel nous nous étions habitués. Le fait qu’elle n’ait pas de fenêtre n’y est pas étranger… L’ambiance est particulière, digne d’un film de survie, car l’auberge se situe dans un complexe hôtelier laissé à l’abandon faute de touristes…

Très rapidement, nous faisons la découverte d’une table de billard au rez de chaussée. Elle devient assez vite notre lieu pour « chiller » avant et après les sessions. Notre mini enceinte ne peut concurrencer le volume sonore de celle du resto-bar en face qui passe en boucle de la bachata à fond toute la journée. Pour autant, les parties endiablées s’enchaînent et permettent de diversifier nos occupations entre les sessions.

Billard à l'AJ
Diego qui surfe une gauche à dominical

Pour nous restaurer, nous partageons toujours nos repas entre le « Fuego » et le « Phat Noodle » car nos autres tentatives (pizzeria, restaurant japonais, …) ne sont pas concluantes. Nous y passons également de longs moments les après-midis à lire et discuter en attendant les conditions optimales pour les sessions du soir.

Car en effet, les conditions sont de plus en plus capricieuses et incertaines. De gros orages imprévisibles passent l’après-midi et dégradent le plan d’eau qui peine à se « cleaner ». Un après midi, alors que nous sommes en chemin pour la plage, la foudre s’abat d’un coup sur une antenne de télécommunication située à 10 mètres de nous… Comme un signe pour nous prévenir que parfois, il ne faut pas forcer le destin…

Pour autant certaines sessions « musclées » valent vraiment la peine. Des pics droite-gauche se calent et déroulent jusqu’au rivage avec une puissance remarquable. Nous arrivons à surfer sur quelques créneaux les bonnes marées, et prenons ici et là de jolies vagues. Lors de ces sessions « post-apocalypse », l’eau d’une couleur marron orangée, a un aspect « laiteux » assez surréaliste.

Les conditions sont solides et les forts courants nous épuisent rapidement ce qui nous pousse à chercher une alternative. En effet, à peine rentrés dans l’eau, nous nous faisons chahuter à chaque fois par des vagues qui ne demandent qu’à nous trimbaler… Les courants latéraux nous forcent à rester sans cesse en action pour ne pas trop s’éloigner du pic. À quelques kilomètres plus au sud, une plage également nommée Hermosa, semble être une bonne option de repli. Les vagues et les courants y paraissent moins forts.

Benji en gauche à Hermosa

« Hermosa 2 » : Trouvant l’endroit sympathique, et plus accessible par ces conditions, nous revenons plusieurs fois surfer ce beach break moins exigeant. Nous y faisons la connaissance d’un local, Gerson, qui nous explique que tous les locaux surfent principalement ici à Hermosa et non à Dominical, surtout quand les vagues sont grosses. 

Mais alors que notre routine quotidienne s’installe, nous percevons une poussée de houle, avec une très forte période, du côté de Pavones. 

Motivés comme jamais, nous décidons de retourner là-bas pour scorer pourquoi pas nos plus longues vagues de l’été !

Pavones Bis

Vue depuis l'intérieur de la voiture d'un ont

Le trajet pour Pavones est le même que celui de notre première escapade. Sauf que maintenant nous savons à quoi nous attendre. Il n’y a pas eu d’orage la veille du départ. Et nous abordons donc plus « sereinement » le passage du dernier pont… Sur le chemin, nous prenons un paysan qui monte à l’arrière à côté de moi, machette à la main… Toujours impressionnant cet « outil », même entre de bonnes mains !

La chambre de la pizzeria n’est plus disponible et nous nous rabattons sur un hébergement situé dans un grand jardin collectif. Les lits sont nettement plus confortables ce qui pousse Benji, grand vainqueur du CHIFOUMI, à terminer sa lecture des Misérables à toute heure du jour et de la nuit.
Les 3 amis en terrasse

La petite cuisine nous permet d’être autonomes pour les repas du soir. Le midi nous allons dans un restaurant à l’ambiance « orientale ». Il est tout proche du spot et fait d’excellentes formules « petit déjeuner / brunch ».

La forte houle a attiré plus de surfeurs que lors de notre première venue. Nous retrouvons des basques espagnols et des suisses que nous avons rencontrés lors de nos différentes étapes notamment à Dominical. Il y a surtout un groupe de brésiliens autour d’une ex pensionnaire du CT, Jacqueline Silva. En plus d’être nombreux, ils sont tous super forts. Tout comme les locaux, une fois à l’eau, ils n’en laissent pas beaucoup passer.

Brésilien sur la vague
surfeur tico unijambiste
Parmi les surfeurs ticos, l’un d’entre eux attire notre attention. Il s’agit d’une personne en situation de handicap : un unijambiste. Pour réussir à surfer, il adopte une technique particulière en restant en appui sur une main à l’avant de sa planche. Cela lui permet d’effectuer des virages sérrés et de surfer sur le rail. Ses courbes sont fluides. La facilité qu’il dégage dans sa manière de surfer sur sa planche est assez déconcertante et nous questionne sur nos facultés d’adaptation.
La facilité qu’il dégage dans sa manière de surfer sur sa planche est assez déconcertante et nous questionne sur nos facultés d’adaptation.

Les conditions de surf lors de cette deuxième étape à Pavones sont finalement un peu décevantes. La modeste taille de houle annoncée, accompagnée pourtant d’une grande période, ne produit pas les vagues espérées. Et le monde à l’eau ne rend pas l’ambiance aussi sympathique que la première fois. Les séries sont certes parfois massives mais trop peu fréquentes pour satisfaire tous les surfeurs. Et il faut jouer des coudes pour pouvoir partir sur une vague sans se faire braquer…

Benoit sur la Vague
Fish moderne Recto Verso

Pour rester « compétitif » au line up, je décide de surfer mon Fish moderne qui m’apporte plus de vitesse et de confort à la rame. Le choix des sessions ne se fait plus en fonction des meilleures marées mais du monde à l’eau pour éviter la foule. De manière concomitante, ceci nous amène à surfer le spot avec de moins en moins d’eau… Les vagues déroulent toujours jusqu’aux barques et nous pouvons enchaîner à pied quelques rotations.

Les nombreux rochers sur lesquels nous devons marcher pour sortir de l’eau ne sont en soit pas dangereux, mais sont vraiment très glissants. Et, alors que je tente de regagner la rive suite à une longue vague, je me fais balayer par une mousse plus puissante que les autres. Je trébuche. Comme ma planche, je finis en vrac dans les cailloux. Ma board en EPS/Epoxy n’a rien contrairement à mon genou qui a heurté les rochers et me fait mal. Suite à ce petit accroc je boite de plus en plus car mon mollet droit n’est pas rétabli. Mais je garde en tête la chance d’avoir mes deux jambes…

Pavones vue du ciel
cailloux à Pavones
Il ne nous reste que quelques jours avant notre retour en France et la houle de sud nécessaire à faire fonctionner la vague de Pavones disparaît… Nous décidons de revenir une dernière fois sur Dominical qui présente l’avantage de n’être qu’à quelques heures de l’aéroport. Nous y passerons les derniers jours avant de prendre notre avion de retour.

Durant le retour par la piste boueuse notre pare-carter se décroche en touchant des grosses pierres lors du passage du fameux pont. Je réussirais finalement à le raccrocher avec mon BIC et mon couteau… Ouf, la caution de 4000 $ n’est pas passée loin…

Article de Surf Session : le Spot de Pavones

Dominical Ter / retour

Playa Dominical au lever du jour
Panneau bienvenue à Dominical

Pour nos deux dernières nuits à Dominical nous retournons à l’auberge de jeunesse. Des bonnes vagues sont annoncées pour nos derniers jours. 

Le matin du départ nous poussons notre session jusqu’à midi afin de profiter des derniers instants de glisse avant nos 10h d’avion. Les conditions sont parfaites et aucun d’entre nous ne veut sortir de l’eau le premier…

Sur le trajet pour l’aéroport, nous faisons le plein d’essence dans une station service à Jaco. Pensant que Benji est allé payer, nous redémarrons et faisons quelques kilomètres avant d’être rattrapés dans un embouteillage par le pompiste sur sa moto… Benji était simplement allé aux WC et nous étions donc partis sans payer… Demi tour express afin de régler nos dettes ! 

pompe à essence Delta à jaco
camion qui tombe du pont

La suite du trajet est une succession de bouchons dus à de nombreux carambolages entre véhicules. L’un d’entre eux fait suite à un accident de poids lourds. Un camion s’est mis en travers à l’entrée d’un pont et sa cabine est suspendue dans le vide. La route est barrée. Des habitants nous indiquent rapidement comment contourner cette « impasse » alors que nous sommes plus inquiets pour les passagers que pour nos contraintes « horaires ». Arrivés à l’aéroport, nous nous changeons dans le hall et refaisons nos sacs afin de répartir au mieux les 23 kg dans les board bags qui partent en soute.

Comme tous les surftrips, la fin arrive toujours trop vite, même après 5 semaines passées au rythme des vagues. En un instant, c’est terminé. Restent des souvenirs ineffables et quelques jolies photos. Mais on ressent aussi un vide jusqu’à la prochaine session. Pas forcément au Costa Rica, mais où que ce soit. Être dans l’eau et ramer offre déjà tout ce bien-être dont le surf fait la richesse. D’autant plus quand on le partage avec ses amis.

Article Surf Session : Surftrip au Costa Rica en 4 étapes !

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